En Tite, chapitre
deux, le verset treize, on y lit :
« … en attendant la bienheureuse espérance,
Et la manifestation
de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus-Christ. »
Nous donnons pour
titres au message :
L'Aube Éternelle.
Le Jour Ineffable.
La Promesse Suprême.
Frères et sœurs bien-aimés,
Je vous le demande aujourd’hui, le
cœur lourd et l'âme à nu : où est-Il ? Où est Dieu lorsque le sol tremble sous
nos pieds et que le ciel semble de plomb ? Où est Sa main secourable lorsque le
téléphone sonne au milieu de la nuit, porteur d'une nouvelle qui brise une vie
en mille morceaux ? Où est Sa voix douce lorsque le silence d'une chambre
d'hôpital n'est rompu que par le sifflement sinistre d'une machine qui
maintient un souffle de vie artificiel ?
Levez les yeux ! Regardez ce monde.
Entendez-vous les cris des innocents piégés sous les décombres de la haine des
hommes ? Sentez-vous la morsure glaciale de la solitude qui étreint le cœur de
la veuve, du père qui enterre son enfant, de l'âme perdue dans le labyrinthe
sans issue de la dépression ? Chaque journal, chaque bulletin d'information est
un requiem pour l'espérance. Chaque larme qui coule sur une joue creusée par le
chagrin est une question muette adressée à un ciel qui reste désespérément
fermé.
Nous avons prié. Oh, comme nous avons
prié ! Nous avons jeûné. Nous avons imploré. Nous avons crié jusqu'à
l'épuisement de notre voix : « Seigneur, jusqu'à quand ? » Jusqu'à quand
l'injustice triomphera-t-elle en plein jour ? Jusqu'à quand le loup dévorera-t-il
l'agneau sous le regard impassible des étoiles ? Jusqu'à quand notre foi
devra-t-elle combattre le doute monstrueux qui nous murmure à l'oreille que
nous sommes seuls, abandonnés dans un univers froid et indifférent ?
Nous sommes comme les disciples dans
la barque, secoués par une tempête qui menace de nous engloutir, et nous crions
: « Maître, ne t'inquiètes-tu pas de ce que nous périssons ? » Notre cœur, usé
par l'attente, saigne. Il aspire à autre chose. Il gémit, il supplie, il
murmure dans l'obscurité de nos nuits les mots de ce cantique empreint d'une
sainte impatience :
Seigneur, hâte donc le grand jour de ta venue,
Où Tu descendras en splendeur.
Les cieux s’ouvriront et, alors convaincu,
Je dirai : « La paix règne en mon cœur. »
Ce cri n'est pas celui de la défaite.
C'est le cri de la sentinelle qui guette l'aurore, le cri du soldat qui attend
le renfort, le cri de l'épouse qui attend le retour de l'époux. C'est le cri le
plus profond, le plus tragique et le plus magnifique de l'âme humaine rachetée.
Allons, c’est ce cri que nous allons explorer ensemble aujourd’hui, non pas
pour nous complaire dans notre douleur, mais pour y trouver la source de notre
plus glorieuse espérance.
Bien-aimés en Jésus-Christ, avant de pouvoir
contempler la gloire de l'aube, nous devons d'abord reconnaître la violence de
la nuit et la fureur de la tempête qui fait rage autour de nous. En effet, Notre
condition présente est celle d’une agonie, d’un monde qui souffre et qui crie
sa douleur, un état de fait que nous ne pouvons nier. Oui :
L'ANCRE DANS LA
TEMPÊTE DÉCHAÎNÉE.
Imaginez un vieil homme, gardien d'un
phare isolé sur une côte déchiquetée par l'océan. Appelons-le Eléazar. Une
nuit, la plus terrible des tempêtes se lève. Des vagues hautes comme des
montagnes liquides s'écrasent contre la tour de granit. Le vent hurle comme une
meute de démons, faisant vibrer la structure jusqu'à ses fondations. De sa
lanterne, Eléazar ne voit que le chaos, un tourbillon noir et écumant où le
ciel et la mer se confondent. Il sait que, là-dehors, des navires sont en
péril, des vies sont en jeu. Il ne peut calmer la tempête. Il ne peut apaiser
le vent. Tout ce qu'il peut faire, c'est s'assurer que la lumière, l'unique
repère dans cette folie dévastatrice, continue de briller.
Frères et sœurs, nous sommes Eléazar.
Et ce monde est cette tempête. Nous sommes assaillis de toutes parts. L'apôtre
Paul ne nous a pas menti. En Romains, chapitre huit, versets vingt-deux et
vingt-trois, il peint ce tableau tragique : « Or, nous savons que, jusqu'à ce
jour, la création tout entière soupire et souffre les douleurs de
l'enfantement. Et ce n'est pas elle seulement ; mais nous aussi, qui avons les
prémices de l'Esprit, nous aussi nous soupirons en nous-mêmes, en attendant
l'adoption, la rédemption de notre corps. »
Nous soupirons ! Ce n'est pas un signe
de faiblesse, c'est la preuve que nous sommes vivants ! C'est la preuve que
l'Esprit de Dieu en nous refuse de se résigner au chaos. C'est le témoignage
que nous avons été créés pour autre chose que la souffrance et la mort. Le
philosophe Albert Camus a écrit : « Au milieu de l'hiver, j'apprenais enfin
qu'il y avait en moi un été invincible. » Cet été invincible, pour nous, c'est
l'espérance plantée par Dieu Lui-même, une ancre jetée non pas dans le sable
mouvant de ce monde, mais au-delà du voile, dans le sanctuaire céleste.
Mais dans le fracas assourdissant de
cette tempête, au cœur même de cette nuit où tout semble perdu, la mission du
gardien de phare prend tout son sens. Elle n'est pas d'observer le chaos, mais
de fixer l'horizon en attendant la promesse infaillible de l'aube.
Frères et sœurs en Jésus-Christ, notre
force ne réside pas dans notre capacité à endurer la nuit, mais dans la
certitude absolue que le jour va se lever, car le Maître du jour nous l'a
promis. En effet, Notre espérance n'est pas un vœu pieux face à la tragédie,
mais une promesse divine et certaine, la venue de Celui qui est la Lumière du
monde. Oui :
LA LUMIÈRE QUI NE
S'ÉTEINT JAMAIS.
Retournons auprès d'Eléazar dans son
phare. La tempête fait rage, les murs tremblent, mais son regard n'est pas fixé
sur les vagues monstrueuses. Il est tourné vers l'Est. Pourquoi ? Parce qu'il
connaît le cycle immuable du temps. Il sait, avec une certitude qui défie la
fureur des éléments, qu'après la nuit la plus sombre vient toujours l'aube. Son
espérance n'est pas dans l'accalmie de la tempête, mais dans l'apparition du
soleil. C'est pour cette aube qu'il maintient la lumière allumée.
Notre espérance, bien-aimés, est
infiniment plus certaine encore ! Elle ne repose pas sur un cycle naturel, mais
sur la parole irrévocable du Dieu Tout-Puissant. Jésus a dit : « Je reviendrai.
» C'est la promesse la plus bouleversante de toute l'Écriture. Ce n'est pas une
possibilité, c'est une déclaration. C'est la signature de Dieu au bas du
contrat de notre rédemption finale. L'écrivaine Emily Dickinson a décrit
l'espérance comme « cette chose avec des plumes qui se perche dans l'âme et
chante la mélodie sans les paroles, et ne s'arrête jamais ». Pour nous, cette
mélodie a des paroles ! Elle s'appelle « Maranatha ! », « Viens, Seigneur Jésus
! »
Écoutez la description glorieuse de ce
moment, telle que Paul la donne en Première Thessaloniciens, chapitre quatre,
versets seize et dix-sept : « Car le Seigneur Lui-même, à un signal donné, à la
voix d'un archange, et au son de la trompette de Dieu, descendra du ciel, et
les morts en Christ ressusciteront premièrement. Ensuite, nous les vivants, qui
serons restés, nous serons tous ensemble enlevés avec eux sur des nuées, à la
rencontre du Seigneur dans les airs, et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur.
»
Voilà notre horizon ! Voilà notre aube
! Pas une simple accalmie, mais une intervention divine ! Le ciel s'ouvrira, la
trompette sonnera, et le Roi de gloire apparaîtra, non plus comme un humble
serviteur, mais comme le Juge de toute la terre, le Lion de la tribu de Juda,
le Vainqueur de la mort !
Cette promesse, bien plus qu'un simple
réconfort intellectuel pour un futur lointain, est une puissance qui transforme
radicalement notre présent, nous permettant de trouver une paix surnaturelle au
cœur même du chaos.
Bien-aimés du Seigneur, cette attente
glorieuse n'est pas passive ; elle est la source même de la paix qui dépasse
toute intelligence, une paix qui s'épanouit non pas en l'absence de l'épreuve,
mais en dépit d'elle. En effet, La véritable paix
du croyant ne dépend pas de circonstances extérieures favorables, mais de la
présence intérieure et constante de Christ au milieu de nos épreuves. Oui :
LA PAIX AU CŒUR DU
CHAOS.
Revenons une dernière fois à notre
gardien de phare, Eléazar. La tempête gronde toujours. Les fondations du phare
sont encore secouées. Mais à l'intérieur de la lanterne, que fait-il ? Il n'est
pas prostré, tremblant de peur. Non. Il a vérifié ses instruments, il s'est
versé une tasse de thé chaud, et son cœur est calme. Sa paix ne vient pas de la
mer apaisée, car elle est toujours déchaînée. Sa paix vient de la certitude de
sa mission et de la promesse de l'aube. Il est en paix dans la tempête.
C'est là, frères et sœurs, que le
poème initial atteint son apogée : « Les cieux s’ouvriront et, alors convaincu,
je dirai : "La paix règne en mon cœur." » Cette paix n'est pas le
fruit de la fin de nos problèmes, mais le don de la présence de Christ au
milieu de nos problèmes. C'est la paix dont Jésus Lui-même a parlé en Jean,
chapitre quatorze, verset vingt-sept : « Je vous laisse la paix, Je vous donne
Ma paix. Je ne vous donne pas comme le monde donne. Que votre cœur ne se
trouble point, et ne s'alarme point. »
Le monde cherche la paix dans
l'absence de conflit. Christ nous donne la paix dans la présence du conflit. Le
monde cherche la paix dans la richesse, la santé, la sécurité. Christ nous
donne une paix que ni la pauvreté, ni la maladie, ni le danger ne peuvent nous
voler. Comme l'a si bien dit Antoine de Saint-Exupéry : « La paix est un arbre
qui prend racine au fond du cœur et qui élève lentement sa cime vers le ciel. »
La racine de cet arbre, c'est la promesse de Son retour. Chaque jour, même sous
les coups de hache de l'épreuve, cette racine s'enfonce plus profondément en
nous, et sa cime s'élève un peu plus vers la gloire à venir.
Alors, mes frères et sœurs bien-aimés,
aujourd’hui, nous sommes venus peut-être le cœur brisé, l'âme fatiguée, écrasés
par le poids d'un monde qui semble avoir été abandonné à la folie. Nous avons
crié avec le psalmiste : « Jusqu'à quand ? » Nous avons regardé la tempête et
nous nous sommes sentis si petits, si impuissants.
Mais aujourd'hui, nous repartons en
gardiens de phare ! Nous reconnaissons la fureur de la tempête (notre
souffrance est réelle), mais nous refusons de la laisser définir notre horizon.
Notre regard est fixé sur l'Est, sur la promesse de l'Aube Éternelle ! Nous
maintenons la lumière de notre témoignage et de notre foi allumée, non par
notre propre force, mais par la puissance de Celui qui vit en nous.
Et dans cette attente, nous trouvons
une paix que le monde ne peut ni donner, ni reprendre. Une paix qui nous permet
de chanter au milieu du feu, de louer au milieu de la prison, d'espérer contre
toute espérance.
Bientôt, très bientôt, la nuit prendra
fin. Les cieux ne seront plus de plomb, mais ils se déchireront dans une
explosion de gloire. La trompette de Dieu retentira, et ce son mettra fin à
toutes les cacophonies de ce monde. Notre Roi apparaîtra ! Et ce jour-là,
toutes nos larmes seront essuyées. Toutes nos questions trouveront leur réponse
en Sa face glorieuse. Toute injustice sera redressée. La mort elle-même sera
engloutie dans la victoire.
Alors, levez la tête, vous dont le
salut approche ! Tenez ferme ! Ne laissez pas la tempête éteindre votre
lumière. Car le jour vient. Le Roi vient. Et alors, convaincus, sauvés,
glorifiés, nous ne dirons plus seulement « La paix règne en mon cœur », mais
nous verrons la Paix régner sur toute la création, pour les siècles des
siècles.
Qu'il en soit ainsi. Amen. Amen.