« Je me réjouis maintenant dans mes souffrances pour vous ;
Et ce qui manque aux souffrances de Christ,
Je l'achève en ma chair, pour Son corps, qui est l'Église. »
Colossiens un :
verset vingt-quatre.
Les Souffrances
Partagées.
Frères et sœurs bien-aimés,
Il était une heure avant l'aube dans
une prison romaine humide et sombre. Les chaînes mordaient la chair meurtrie de
l'apôtre Paul. Le froid pénétrait jusqu'aux os. L'obscurité était totale,
écrasante, suffocante. Dans ce cachot infect où l'espoir humain agonise, où la
dignité est piétinée, où le corps souffre mille tortures, cet homme aurait pu
maudire son sort. Il aurait pu regretter sa conversion. Il aurait pu pleurer
sur sa condition déplorable. Mais dans cette cellule glaciale, quelque chose
d'extraordinaire se produisait : Paul écrivait une lettre remplie de joie ! Ses
doigts tremblants traçaient des mots lumineux sur un parchemin sale. Son cœur
brisé par la souffrance débordait d'une joie mystérieuse, inexplicable,
surnaturelle. Comment un homme enchainé peut-il se réjouir ? Comment un
prisonnier torturé peut-il célébrer ? Le mystère se dévoile dans cette parole
stupéfiante : « Ce qui manque aux souffrances de Christ, je l'achève en ma
chair, pour Son corps, qui est l'Église. » Frères et sœurs, nous touchons ici à
l'un des mystères les plus profonds, les plus bouleversants, les plus glorieux
de notre foi chrétienne.
Pénétrons maintenant dans le premier
mystère de cette révélation bouleversante. Oui :
La Mystérieuse
Insuffisance Complétée.
Bien-aimés en Jésus-Christ, comment
comprendre cette parole scandaleuse qui affirme qu'il manquerait quelque chose
aux souffrances de notre Seigneur ? Le sacrifice du Calvaire ne serait-il pas
complet ? La croix ne serait-elle pas suffisante ? L'œuvre rédemptrice
serait-elle inachevée ? Nos cœurs se révoltent à cette pensée ! Et pourtant,
Paul l'affirme avec une assurance déconcertante. Écoutons attentivement : il ne
parle pas de l'insuffisance de l'œuvre expiatoire de Christ. Non ! Le salut est
parfaitement accompli. En Jean dix-neuf : verset trente, Jésus proclama sur la
croix : « Tout est accompli ! » L'expiation est totale, définitive, éternelle.
Mais Paul révèle ici un autre mystère
: Christ a choisi de continuer Sa souffrance à travers Son corps, l'Église.
Victor Hugo écrivait : « La souffrance est le prix de toute grande œuvre. »
Combien plus vraie est cette parole dans le royaume de Dieu ! Le Seigneur Jésus
aurait pu tout accomplir seul, mais dans Sa sagesse infinie, Il a choisi de
nous associer à Son œuvre rédemptrice. Il nous invite à partager non seulement
Sa gloire future, mais aussi Ses souffrances présentes. En Philippiens trois :
verset dix, Paul exprime cette aspiration brûlante : « Afin de connaître
Christ, et la puissance de Sa résurrection, et la communion de Ses souffrances.
» Quelle dignité extraordinaire ! Quelle grâce incommensurable ! Nous,
créatures fragiles et pécheresses, nous sommes appelés à compléter dans notre
chair ce qui reste à souffrir pour l'avancement du royaume de Dieu !
Avançons maintenant vers le cœur même
de ce mystère transformateur, vers cette communion divine qui transcende toute
compréhension humaine. Oui :
La Glorieuse
Communion Sacrificielle.
Frères et sœurs en Jésus-Christ, la
souffrance chrétienne n'est jamais absurde, jamais stérile, jamais vaine. Elle
est investie d'un sens cosmique, d'une portée éternelle, d'une valeur
rédemptrice. Lorsque nous souffrons pour l'Évangile, nous ne sommes pas
simplement victimes des circonstances. Nous devenons co-participants de l'œuvre
salvifique du Christ. En Romains huit : les versets dix-sept et dix-huit, Paul
écrit : « Si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers : héritiers de
Dieu, et cohéritiers de Christ, si toutefois nous souffrons avec Lui, afin
d'être glorifiés avec Lui. J'estime que les souffrances du temps présent ne
sauraient être comparées à la gloire à venir qui sera révélée pour nous. »
Considérez l'histoire de l'Église à
travers les siècles ! Chaque martyr qui a versé son sang, chaque missionnaire
qui a abandonné son confort, chaque croyant persécuté qui a maintenu sa foi,
tous ont complété dans leur chair ce qui manquait aux souffrances de Christ.
Tertullien proclamait avec raison : « Le sang des martyrs est la semence de
l'Église. » Les premiers chrétiens chantaient dans les arènes avant d'être
dévorés par les lions. Les réformateurs ont brûlé sur les bûchers en louant
Dieu. Les missionnaires modernes ont péri dans des terres hostiles en priant
pour leurs bourreaux. Pourquoi cette joie paradoxale ? Parce qu'ils
comprenaient le privilège sublime d'être associés aux souffrances de leur
Maître bien-aimé !
Découvrons enfin la dimension
collective et ecclésiale de ce mystère glorieux, car nos souffrances ne sont
jamais solitaires mais toujours communautaires. Oui :
La Féconde Offrande
Ecclésiale.
Bien-aimés du Seigneur, remarquez que
Paul ne souffre pas pour lui-même, mais « pour Son corps, qui est l'Église ».
Notre souffrance personnelle acquiert une dimension ecclésiale, communautaire,
universelle. Nous ne souffrons jamais seuls, jamais isolés, jamais abandonnés.
En Un Corinthiens douze : verset vingt-six, il est écrit : « Si un membre
souffre, tous les membres souffrent avec lui. » Lorsqu'un pasteur est
emprisonné pour sa foi en Chine, toute l'Église souffre. Lorsqu'une sœur est
persécutée pour son témoignage au Moyen-Orient, tout le corps est frappé.
Lorsqu'un frère endure la moquerie pour Christ en Occident, nous sommes tous
concernés. Cette souffrance collective n'est pas morbide, elle est féconde !
Elle produit la croissance spirituelle, approfondit la communion fraternelle,
purifie l'Église des compromis mondains. En Hébreux douze : verset onze, nous
lisons : « Il est vrai que tout châtiment semble d'abord un sujet de tristesse,
et non de joie ; mais il produit plus tard pour ceux qui ont été ainsi exercés
un fruit paisible de justice. » L'Église qui ne souffre pas est une Église qui
ne grandit pas. L'Église qui évite la croix manque la résurrection. L'Église
qui fuit la persécution perd sa puissance. Martin Luther King Jr. disait : « La
souffrance non méritée est rédemptrice. » Combien plus vraie est cette parole
lorsque notre souffrance s'unit consciemment à celle du Christ ! Nous devenons
alors des canaux de grâce pour le monde, des instruments de rédemption pour
l'humanité, des collaborateurs de Dieu dans Son œuvre de restauration
universelle.
Bien-aimés dans la foi, nous voici
parvenus au terme de cette méditation bouleversante. Nous avons contemplé le
mystère de l'insuffisance complétée : Christ nous invite à partager Ses
souffrances. Nous avons exploré la communion sacrificielle glorieuse : nos
épreuves acquièrent une valeur éternelle quand elles sont endurées pour Christ.
Nous avons saisi la dimension ecclésiale féconde : nous souffrons pour le corps
tout entier, pour l'avancement du royaume.
Alors, frères et sœurs, où en
sommes-nous aujourd'hui ? Fuyons-nous les souffrances inhérentes au témoignage
chrétien ? Recherchons-nous un Évangile de confort et de prospérité sans croix
? Ou acceptons-nous avec joie le privilège sublime de compléter dans notre
chair ce qui manque aux souffrances de Christ ?
Que le Seigneur nous accorde la grâce
de dire comme Paul : « Je me réjouis dans mes souffrances pour vous ! » Non pas
parce que nous aimons la douleur, mais parce que nous aimons Christ et Son
Église. Que nos vies deviennent des offrandes vivantes, consumées sur l'autel
du service sacrificiel. Que nos épreuves portent du fruit pour la gloire de
Dieu et l'édification de Son peuple. Que notre génération découvre la joie
paradoxale de souffrir pour Celui qui a tout souffert pour nous !
Qu'il en soit ainsi. Amen. Amen.