En Ésaïe cinquante-huit, le verset douze, la Parole de Dieu déclare :
Tu relèveras des fondements antiques ;
On t'appellera réparateur des brèches,
Celui qui restaure les chemins, qui rend le pays habitable. »
La Fondation Retrouvée.
Une Forteresse
Restaurée.
Une Gloire Relevée.
Frères et sœurs bien-aimés,
Je veux vous poser des questions aujourd’hui,
des questions qui pèsent lourd, des questions qui fréquentent nos nuits
silencieuses. Où sont passés les rires d'enfants qui résonnaient autrefois
comme des psaumes de joie dans nos maisons ? Que sont devenus les repas de
famille, ces moments de communion qui ont été remplacés par le silence glacial,
seulement brisé par le cliquetis des fourchettes et le son assourdissant des
notifications de téléphone ? Où est la chaleur du foyer que nous avons connue,
ce refuge contre les tempêtes du monde extérieur ?
Regardons autour de nous, osons
regarder la vérité en face, aussi tragique soit-elle. Nos maisons, qui devaient
être des sanctuaires de paix, sont devenues des champs de bataille. Les murs
sont fissurés par les cris, les fondations ébranlées par l'amertume et le
non-dit. Le mari et la femme, autrefois une seule chair, ne sont plus que deux
étrangers partageant un même toit, leurs cœurs séparés par un océan de
déception. Les enfants, qui devraient grandir à l'ombre de l'amour et de la
sécurité, errent comme des orphelins dans les couloirs de leur propre maison,
cherchant désespérément un repère, un regard, une parole d'affirmation. Leurs
chambres sont devenues des îles désertes où ils s'échouent sur les rivages
virtuels d'un monde qui ne leur offrira jamais le véritable amour.
Nous avons bâti sur le sable. Nous
avons construit nos familles sur les fondements éphémères de la réussite
matérielle, de la reconnaissance sociale, du plaisir personnel. Et quand les
vents de l'épreuve ont soufflé, quand les pluies de la crise sont tombées, tout
s'est effondré. Le chômage, la maladie, la trahison, le deuil... et la maison,
notre belle maison, n'est plus qu'un tas de ruines. Un monument tragique à
notre orgueil et à notre négligence spirituelle. Nous pleurons sur ces
décombres, nous nous lamentons sur ce que nous avons perdu, mais avons-nous
compris pourquoi nous avons tout perdu ? Nous avons oublié le seul,
l'unique fondement qui ne peut être ébranlé. Nous avons négligé l'Architecte
divin.
La promesse d'Ésaïe résonne
aujourd'hui comme un cri d'espoir au milieu de notre désolation. « Tu relèveras
les fondements antiques ». Il y a une voie de restauration. Il y a une
possibilité de rebâtir. Dieu, dans Sa miséricorde infinie, nous appelle à
devenir des « réparateurs de brèches », des restaurateurs de chemins. Il nous
appelle à regarder les ruines non pas comme une fin, mais comme le point de
départ d'une reconstruction glorieuse. Une reconstruction qui commence, non pas
avec des briques et du mortier, mais avec un cœur brisé et contrit, prêt à
revenir à l'essentiel.
Bien-aimés du Seigneur, avant de
pouvoir rebâtir, nous devons nous assurer que la première pierre, la plus
importante, est correctement posée. Il nous faut redécouvrir la place centrale
et non négociable de notre Seigneur. Oui :
Le premier fondement à relever est Christ, comme chef
et pierre angulaire du foyer.
En Éphésiens, chapitre cinq, au verset
vingt-trois, il nous est dit : « car le mari est le chef de la femme, comme
Christ est le chef de l'Église, qui est son corps, et dont Il est le Sauveur. »
Cette parole n'est pas une relique du passé ; elle est le secret d'un foyer qui
non seulement survit, mais prospère. Un foyer où le leadership ne signifie pas
domination, mais amour sacrificiel ; où l'autorité ne signifie pas tyrannie,
mais service humble, à l'image de Christ qui a lavé les pieds de Ses disciples.
Laissez-moi vous raconter l'histoire
de Marc et Sophie. Ils avaient tout pour eux : une belle maison, des carrières
florissantes, deux enfants intelligents. Mais leur foyer était un mausolée de
luxe. Chaque décision était un calcul, chaque conversation une négociation. Ils
étaient des partenaires d'affaires, plus que des époux. Une grave crise
financière a tout balayé, leur laissant pour seuls biens leurs dettes et leur
amertume. Le divorce semblait être la seule issue, une porte de sortie
honorable à leur faillite relationnelle. Un soir, au fond du gouffre, Marc, qui
n'avait pas prié depuis son enfance, s'est agenouillé sur le sol froid de leur
garage. Il a pleuré devant Dieu, confessant son orgueil, son égoïsme, son
échec. Il n'a rien demandé, il a juste tout abandonné. Ce fut le début.
Lentement, péniblement, il a commencé à chercher Christ, non comme une solution
magique, mais comme son Seigneur. Il a recommencé à lire la Bible, et pour la
première fois, il a lu le passage d'Éphésiens non comme un commandement, mais
comme une invitation à aimer Sophie comme Christ a aimé l'Église, au point de
se donner Lui-même pour elle. Son attitude a changé. Il a cessé d'exiger et a
commencé à servir. Il a cessé d'accuser et a commencé à écouter. Sophie,
d'abord méfiante, a vu ce changement inexplicable. Elle a vu non plus un PDG,
mais un mari brisé qui apprenait à aimer. Touchée par cette grâce, elle s'est
jointe à lui. Ensemble, sur les ruines de leur ancienne vie, ils ont posé une
nouvelle fondation : Jésus-Christ. Leur maison n'est plus un palais, mais elle
est devenue un foyer.
Cette reconstruction douloureuse, mais
glorieuse, de Marc et Sophie, nous montre que la véritable force d'une famille
ne réside pas dans sa prospérité extérieure, mais dans sa soumission à son Chef
divin. Cela nous conduit naturellement à la manière dont cette soumission se
manifeste au quotidien. Oui :
Le deuxième fondement à relever, est la restauration de
l'église familiale.
Le foyer doit redevenir ce qu'il
n'aurait jamais dû cesser d'être : le premier lieu de culte, la première école
de la foi. Nous avons délégué l'éducation spirituelle de nos enfants à l'église
du dimanche, aux moniteurs, au pasteur. Mais la Bible confie cette
responsabilité première aux parents. Comme l'a dit un penseur, « Il ne fait
aucun doute que c'est autour de la famille et du foyer que toutes les plus
grandes vertus sont créées, renforcées et entretenues. »
Je pense à la famille Dubois. Un foyer
typique : le père épuisé par le travail, la mère débordée par les tâches, et
les deux adolescents, chacun enfermé dans sa bulle numérique. La communication
était réduite à des ordres et des grognements. Un soir, le père, convaincu par
un sermon, a pris une décision terrifiante pour lui : "Ce soir, après le
dîner, nous allons lire un passage de la Bible et prier ensemble." La
première tentative fut un désastre. L'aîné a levé les yeux au ciel, la cadette
ricanait. C'était maladroit, forcé, presque ridicule. Il aurait pu abandonner,
se dire que c'était trop tard, que la brèche était trop grande. Mais il a
persévéré. Le lendemain soir, puis le surlendemain. Cinq minutes, pas plus. Un
Psaume, une prière balbutiante. Peu à peu, l'hostilité a fait place à une
curiosité réticente, puis à une acceptation silencieuse. Un soir, après la
lecture d'un passage sur le pardon, la fille a fondu en larmes et a demandé
pardon à son frère pour une méchanceté dite des semaines plus tôt. Ce fut comme
un barrage qui se rompait. Le culte familial est devenu un rendez-vous attendu,
un espace sacré où les masques tombaient, où l'on pouvait partager ses peurs et
ses joies. La Parole de Dieu et la prière commune sont devenues le ciment qui a
non seulement réparé les fissures, mais a solidifié leurs relations d'une
manière qu'ils n'auraient jamais cru possible.
Quand un foyer est bâti sur Christ et
nourri par la prière et la Parole, il devient un lieu où la grâce peut opérer
ses miracles les plus profonds. Cela nous amène au dernier pilier, peut-être le
plus difficile à mettre en œuvre. Oui :
Le troisième fondement à relever est l'exercice radical du pardon, 
De la discipline et de l'amour.
Un foyer sans pardon est une prison où
les membres de la famille sont les geôliers et les prisonniers les uns des
autres. Les blessures non guéries s'infectent et empoisonnent toutes les
interactions. L'amour sans la discipline biblique n'est que du laxisme, et la
discipline sans amour n'est que de la cruauté. L'équilibre des trois est la clé
d'un environnement sain et guérissant.
Considérez l'histoire tragique d'un
père, appelons-le Jacques, et de son fils unique, David. Une dispute violente,
des mots terribles, irréparables, avaient été prononcés. David, âgé de dix-huit
ans, a quitté la maison, et pendant cinq longues années, ce fut le silence. Un
silence de mort, rempli de fierté blessée et de douleur inextinguible. Jacques,
un homme droit et respecté à l'église, vivait avec ce cancer dans l'âme. Chaque
jour, il était rongé par le remords mais paralysé par l'orgueil. Puis, un dimanche,
le pasteur a prêché sur la parabole du fils prodigue. Pour la première fois,
Jacques n'a pas entendu l'histoire d'un fils rebelle, mais l'histoire d'un Père
au cœur brisé qui attendait, qui espérait, qui courait. Le Saint-Esprit a
transpercé son armure de justice propre. Il a compris que l'amour véritable
prend toujours le premier risque. Le soir même, tremblant, il a composé le
numéro qu'il connaissait par cœur mais n'osait jamais appeler. Quand David a
décroché, Jacques n'a pu dire que trois mots : « Pardonne-moi, mon fils. » Il
n'y a pas eu de justification, pas d'explication, juste une confession simple
et nue. De l'autre côté du fil, un long silence, puis un sanglot. Ces trois
mots avaient désarmé cinq années de haine et de ressentiment. La réconciliation
fut un chemin, pas un événement instantané. Mais le premier pas, celui du
pardon inconditionnel, a rendu tout le reste possible. C'est ce pardon, cet
amour qui se donne sans compter, qui restaure les relations les plus brisées et
transforme une maison de deuil en un havre de paix.
Frères et sœurs bien-aimés, nous avons
examiné les ruines. Nous avons vu les foyers dévastés par la négligence et le
péché. Le spectacle est tragique, la douleur est réelle. Mais ce n'est pas la
fin de l'histoire. La parole prophétique d'Ésaïe n'est pas une simple
lamentation, c'est une commission divine. « On t'appellera réparateur des
brèches. » Ce « on », c'est Dieu. Ce « toi », c'est chacun de nous aujourd'hui.
Le moment est venu de cesser de
pleurer sur les décombres et de commencer à ramasser les pierres. Le moment est
venu de prendre les outils que Dieu nous donne. L'outil de la repentance, pour
remettre Christ sur le trône de nos foyers. L'outil de la prière et de la
Parole, pour instituer le culte familial comme l'autel de nos maisons. L'outil
du pardon, pour démolir les murs de séparation que nous avons construits brique
par brique.
La reconstruction sera difficile. Elle
demandera du courage, de l'humilité, de la persévérance. Elle vous coûtera
votre orgueil, votre confort, votre temps. Mais je vous le promets au nom de
Celui qui fait toutes choses nouvelles : la gloire de la seconde maison sera
plus grande que celle de la première. Un foyer relevé de ses ruines par la
grâce de Dieu ne sera pas seulement restauré ; il sera fortifié, purifié par le
feu de l'épreuve, et il deviendra un phare, un témoignage puissant dans un
monde qui a désespérément besoin de voir ce que l'amour de Dieu peut accomplir.
Alors, levez-vous, réparateurs de
brèches ! Rentrez chez vous ce midi, non pas avec un fardeau de culpabilité,
mais avec une mission de gloire. Maris, aimez vos femmes comme Christ a aimé
l'Église. Femmes, respectez vos maris. Parents, rallumez le feu de l'autel
familial. Enfants, honorez vos parents. Demandez pardon. Offrez le pardon.
Relevez les fondements antiques, et que la gloire de l'Éternel remplisse à
nouveau vos maisons.
Qu'il en soit ainsi. Amen. Amen.