Jésus-Christ : le seul Sauveur

...ce témoignage, c'est que Dieu nous a donné la vie éternelle, et que cette vie est dans son Fils. Celui qui a le Fils a la vie; celui qui n'a pas le Fils de Dieu n'a pas la vie. Je vous ai écrit ces choses, afin que vous sachiez que vous avez la vie éternelle, vous qui croyez au nom du Fils de Dieu. 1 Jean 5:11-13



vendredi 25 avril 2025

Le Constat de Thomas


« Puis Il dit à Thomas :
Avance ici ton doigt, regarde mes mains ;
Avance aussi ta main, et mets-la dans mon côté ;
Et ne sois pas incrédule, mais crois. »
Jean 20 :27 

Le Constat de Thomas II

L'air de Jérusalem pèse lourd, non seulement de la poussière des chemins, mais du poids indicible du chagrin. Quelques jours à peine ont passé depuis ce vendredi sombre où le ciel lui-même sembla pleurer, où la terre trembla comme secouée de sanglots, où l'espoir d'Israël, cloué sur le bois infâme, exhala son dernier souffle. Pour les disciples, terrés dans la chambre haute, la peur est une compagne constante, chuchotant à chaque ombre, à chaque bruit de pas dans la ruelle. Le Maître est mort. Celui qui calmait les tempêtes, guérissait les incurables, et promettait un Royaume éternel n'est plus qu'un souvenir douloureux, une blessure béante dans le tissu de leur existence. La pierre roulée devant le sépulcre semblait avoir scellé non seulement un corps, mais toutes leurs aspirations, toutes leurs certitudes.

Dans cet huis clos suffocant d'angoisse et de deuil, une rumeur folle commence pourtant à circuler, portée par Marie de Magdala d'abord, puis par d'autres. "Il est vivant ! Nous L'avons vu !" Des mots qui devraient être une source de joie incommensurable, mais qui, pour l'un d'entre eux, Thomas, surnommé Didyme, le Jumeau, sonnent comme une dissonance cruelle, une insulte à la réalité brutale du Golgotha. Il n'était pas là lors de la première apparition. Peut-être était-il ailleurs, consumé par sa propre peine, arpentant les rues désertes, cherchant un sens à l'anéantissement de son monde. Ou peut-être, simplement, le hasard tragique l'avait-il éloigné au moment précis où la lumière perçait à nouveau les ténèbres.

Son absence initiale devient le terreau d'une tragédie personnelle, celle de l'incrédulité née du désespoir. Lorsque les autres disciples, les yeux encore brillants de l'incroyable rencontre, lui partagent la nouvelle avec une ferveur palpable – "Nous avons vu le Seigneur !" – Thomas oppose un mur. Un mur érigé par la douleur, par le spectacle insoutenable de la crucifixion qu'il a sans doute gravé dans sa mémoire, par le pragmatisme qui refuse de céder à ce qui semble être une hallucination collective, un délire né du traumatisme. Sa réponse est tranchante, presque brutale, empreinte d'une exigence macabre : "Si je ne vois dans ses mains la marque des clous, et si je ne mets mon doigt dans la marque des clous, et si je ne mets ma main dans son côté, je ne croirai point."

Quelle tragédie ! Être si proche de la source de Vie, avoir marché à ses côtés, écouté ses enseignements, et pourtant, se retrouver prisonnier d'une logique terrestre face à l'événement le plus céleste qui soit. Son exigence n'est pas une simple curiosité scientifique ; elle est le cri d'une âme meurtrie qui ne peut concevoir le retour de la vie après une mort si certaine, si violente. Il veut toucher les cicatrices, sonder les plaies, comme pour s'assurer que ce n'est pas un fantôme, un esprit, mais bien le Maître dans sa chair ressuscitée, portant les stigmates de son sacrifice. C'est le drame de l'homme qui a besoin de palper le divin, de soumettre l'infini aux limites de ses sens.

Huit longs jours s'écoulent. Huit jours pendant lesquels Thomas macère dans son doute, isolé au milieu de la communauté croyante, portant le fardeau de son incrédulité comme une tunique de Nessus. Les autres exultent peut-être en secret, mais leur joie est probablement teintée d'une tristesse pour leur frère obstiné. Et puis, le huitième jour, alors qu'ils sont de nouveau réunis, portes closes, Jésus apparaît. Encore. Et cette fois, Thomas est là. Le silence doit être assourdissant. Tous les regards convergent vers Didyme. Et Jésus, dans sa grâce infinie mais aussi dans sa connaissance parfaite des cœurs, s'adresse directement à lui, reprenant mot pour mot l'exigence douloureuse formulée une semaine plus tôt : "Avance ici ton doigt, et regarde mes mains ; avance aussi ta main, et mets-la dans mon côté ; et ne sois pas incrédule, mais crois." (Jean, chapitre vingt, verset vingt-sept). Le moment de vérité est arrivé, la confrontation entre le doute le plus profond et l'amour le plus patient.

Cet épisode poignant, ce face-à-face entre le doute incarné et la grâce ressuscitée, nous pousse à examiner de plus près : l’obstacle de l'incrédulité, les mécanismes de la foi et la rencontre divine. Notre première réflexion se portera sur...

Le Poids de l'Incrédulité

L'incrédulité n'est pas neutre ; elle pèse sur l'âme, isole de la communauté et obscurcit la perception de la vérité divine. Thomas, malgré le témoignage unanime de ses frères les plus proches, reste prisonnier de son refus de croire ce qu'il n'a pas expérimenté personnellement.

Voltaire disait avec une pointe d'ironie : "Le doute est un état mental désagréable, mais la certitude est ridicule." Si le doute méthodique peut être un chemin vers la connaissance, l'incrédulité obstinée, comme celle de Thomas initialement, devient une cage qui empêche d'accéder à une vérité plus grande qui nous dépasse.

La Parole de Dieu nous met en garde contre ce poids. Il est écrit dans l'épître aux Hébreux, chapitre trois, verset douze : "Prenez garde, frères, que quelqu’un de vous n’ait un cœur mauvais et incrédule, au point de se détourner du Dieu vivant." - Cette mise en garde résonne à travers les Écritures, soulignant le danger spirituel d'un cœur fermé. De même, dans l'évangile selon Marc, chapitre seize, verset quatorze, Jésus Lui-même "leur reprocha leur incrédulité et la dureté de leur cœur, parce qu’ils n’avaient pas cru ceux qui l’avaient vu ressuscité."

Ces exemples bibliques nous interpellent directement sur notre propre cœur et notre réceptivité à la parole divine et au témoignage des autres.

Mais cette incrédulité n'était pas sans cause apparente chez Thomas ; elle naissait d'une exigence particulière...

Le Besoin de Voir et Toucher

L'exigence de Thomas révèle une facette profondément humaine : le besoin de preuves tangibles, sensorielles. Face à l'extraordinaire, à ce qui défie la logique et l'expérience commune (la résurrection), son réflexe est de se raccrocher à ce qu'il peut vérifier par lui-même : la vue, le toucher. Il veut palper la réalité de la résurrection.

Aristote affirmait : "Il n'y a rien dans l'intellect qui n'ait d'abord été dans les sens." Thomas incarne cette pensée : sa raison, informée par ses sens qui ont constaté la mort de Jésus, refuse de croire sans une nouvelle information sensorielle contradictoire et irréfutable.

Jésus, tout en accédant à la demande de Thomas, souligne une vérité supérieure dans ce même passage de Jean, chapitre vingt, verset vingt-neuf : "Jésus lui dit : Parce que tu M’as vu, tu as cru. Heureux ceux qui n’ont pas vu, et qui ont cru !" -  Pourtant, la vue physique n'est pas toujours synonyme de compréhension spirituelle, car l'apôtre Paul nous le rappelle. En effet, dans la deuxième épître aux Corinthiens, chapitre cinq, verset sept, il déclare : "Car nous marchons par la foi, et non par la vue."

Quelle est donc la place de nos sens et de notre raison dans notre cheminement de foi face au témoignage divin ?

Face à cette demande si humaine, si tangible, la réponse de Christ ouvre la porte non à la condamnation, mais à une transformation radicale...

Le Triomphe de la Foi

L'aboutissement de cette rencontre n'est pas la satisfaction d'une curiosité morbide, mais l'explosion d'une foi renouvelée et profonde. La confrontation directe avec le Christ ressuscité ne laisse pas Thomas dans le constat physique ; elle le propulse vers une confession théologique majeure : "Mon Seigneur et mon Dieu !". C'est le triomphe de la foi sur le doute, la reconnaissance de la divinité de Jésus suite à la preuve ultime de sa victoire sur la mort.

Antoine de Saint-Exupéry a écrit : "Ce qui embellit le désert, c'est qu'il cache un puits quelque part." La foi, de même, perçoit la réalité divine cachée derrière les apparences, une source de vie que le scepticisme seul ne peut découvrir. La foi de Thomas, une fois ravivée, voit au-delà des plaies la gloire du Seigneur.

La confession de Thomas est l'écho de ce que Paul enseignera plus tard dans l'épître aux Romains, chapitre dix, versets neuf et dix : "Si tu confesses de ta bouche le Seigneur Jésus, et si tu crois dans ton cœur que Dieu l’a ressuscité des morts, tu seras sauvé. Car c’est en croyant du cœur qu’on parvient à la justice, et c’est en confessant de la bouche qu’on parvient au salut." -  Cette confession transforme radicalement la relation avec Dieu, car elle est fondée sur une conviction profonde. L'épître aux Hébreux, chapitre onze, verset un, définit magnifiquement cette réalité : "Or la foi est une ferme assurance des choses qu’on espère, une démonstration de celles qu’on ne voit pas."

Comment cette foi victorieuse, qui dépasse le besoin de voir pour embrasser la personne de Christ, peut-elle s'épanouir et s'exprimer en nous aujourd'hui ?

L'histoire de Thomas, dans sa douloureuse beauté et sa résolution glorieuse, trouve un écho poignant dans une image simple mais profonde...

Imaginez un instant un artisan potier devant son tour. Il travaille une motte d'argile avec soin, visant à créer un vase magnifique. Mais voilà qu'en cours de façonnage, une impureté dans l'argile, une résistance inattendue - représentant le doute, la blessure de Thomas - menace de faire éclater toute la pièce. L'artisan pourrait rejeter l'argile, la juger indigne. Mais le Maître Potier, avec une patience infinie, ne la rejette pas. Au contraire, Il concentre son attention sur cette imperfection. Il y applique ses doigts experts (comme Jésus invitant Thomas à toucher ses plaies), non pour la masquer, mais pour l'intégrer à l'œuvre, pour la transformer. La pression qu'Il exerce n'est pas punitive, mais corrective et créatrice. Finalement, le vase achevé porte peut-être une marque unique à cet endroit, une texture différente, mais cette marque ne le défigure pas. Elle témoigne de l'habileté et de la grâce du Potier qui a su racheter l'imperfection pour en faire une pièce unique, solide et belle. Le vase -Thomas, et nous avec lui - n'est pas parfait malgré la faille, mais il est rendu parfait et utile par l'intervention miséricordieuse du Maître qui a touché et transformé sa faiblesse en un point de contact avec Sa puissance.

Frères et sœurs, l'histoire de Thomas n'est pas seulement le récit d'un doute tragique ; elle est surtout la démonstration éclatante de la patience et de la grâce infinies de notre Seigneur Jésus-Christ. Il n'a pas condamné Thomas pour son incrédulité, Il ne l'a pas rejeté. Il est venu à lui, Il l'a rencontré là où il était, dans son besoin désespéré de preuves. Il a offert ses propres cicatrices comme pont entre le doute humain et la foi divine.

Quelle merveilleuse consolation pour nous aujourd'hui ! Peut-être portons-nous aussi nos doutes, nos questions, nos propres exigences de "voir et toucher" dans un monde qui nous pousse souvent au scepticisme. Jésus nous connaît. Il voit nos cœurs, nos luttes, nos propres "poids d'incrédulité". Et comme pour Thomas, Il s'approche de nous avec amour, nous invitant non pas à rester dans le doute, mais à avancer vers Lui.

Il nous rappelle la bénédiction promise à ceux qui croient sans avoir vu. Cette foi n'est pas un saut aveugle dans le vide, mais une confiance éclairée, fondée sur le témoignage apostolique, sur la puissance transformatrice de l'Esprit Saint dans nos vies et sur la fiabilité de Sa Parole.

Alors aujourd'hui, je vous lance cet appel : Si vous êtes comme Thomas, luttant avec le doute, n'ayez pas honte. Apportez vos questions honnêtement à Jésus. Mais ne restez pas figés dans l'exigence de preuves physiques. Ouvrez les yeux de votre cœur. Laissez la rencontre avec le Christ ressuscité, par Sa Parole et Son Esprit, transformer votre incrédulité en une foi vivante et triomphante.

Puissions-nous tous, que nous ayons vu des signes tangibles ou non, faire nôtre la confession sublime de Thomas, non pas comme une conclusion intellectuelle, mais comme le cri d'un cœur saisi par l'amour et la majesté du Sauveur : "Mon Seigneur et mon Dieu !"
Embrassez la grâce qui vous est offerte, et marchez par la foi, non par la vue, assurés de la présence et de la puissance de Celui qui a vaincu la mort et qui vit à jamais.

Amen.

 

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